2 produits biologiques sur 35 contenaient des traces d’OGM suite à des analyses en Belgique.

Selon une enquête de Test-Achats en Belgique, les consommateurs mangent des OGM sans le savoir. Sur 113 produits analysés, 20% contenaient des traces d’OGM.

Voici le communiqué de presse de test-achats :

Test-Achats est pour les consommateurs belges et ressemble à l’UFC Que choisir en France.
« La mission de Test-Achats a été invariablement la même : la promotion et la défense des intérêts des consommateurs, la recherche de solutions à leurs problèmes, l’aide dans l’accession à leurs droits (liberté de choix, accès à l’information, accès aux tribunaux, droit à la santé, à la sécurité et à un environnement sain, à l’enseignement et à la formation). »

Test-Achats a posé, en 2008, un regard critique sur 718 produits alimentaires, étiquettes et points de vente en alimentation. L’association des consommateurs a eu des remarques à formuler dans 42 % des cas : résidus de pesticides dans les vins bio, viande de porc dans les pitas et le filet américain, Salmonelles ou Campylobacter dans le poulet… Tout cela n’a heureusement pas conduit à une crise alimentaire majeure, mais il n’en reste pas moins que la liste des progrès possibles est longue. Le cadre légal pêche malheureusement sur un nombre croissant de plans, notamment parce que le législateur européen tend au plus grand compromis et donc se fait plus tolérant. Dans le cadre d’une nouvelle étude sur les organismes génétiquement modifiés, l’association des consommateurs a analysé 113 produits et trouvé des traces d’OGM dans 22 d’entre eux, y compris dans des produits bio. Par ailleurs, pour l’ensemble de son action en matière de sécurité alimentaire, Test-Achats est sur le point de recevoir le très reconnu Prix Dr. Karel Van Noppen.
Viande de porc irlandaise, lait chinois, huile de tournesol ukrainienne… En se penchant sur 2008, le Belge pourrait avoir l’impression que les crises alimentaires se passent ailleurs, loin de chez lui. Mais Test-Achats aboutit à une tout autre conclusion. Et en cela, l’association des consommateurs ne fait pas seulement référence aux 59 produits que l’Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire a dû rappeler en 2008, entre autres dans le cadre de la crise irlandaise. Ses analyses pointent d’autres problèmes du doigt.
Le consommateur ignore ce qu’il mange

Vu les manques au niveau de l’étiquetage et les pratiques illicites, le consommateur se trouve souvent dans l’incertitude en ce qui concerne ce qu’il boit et mange. Quelques exemples en 2008 :

Poisson d’élevage ou de pêche : depuis 2002, les poissonneries doivent signaler l’origine de leurs produits, mais seuls 4 magasins sur 30 le faisaient réellement.
Bières brunes fortes : en général, les produits sont de bonne qualité et ont bon goût, mais leurs étiquettes sont le plus souvent muettes sur les ingrédients, la catégorie à laquelle appartient la bière et la présence d’allergènes.
Vins en cubi : Test-Achats a découvert des produits de bonne qualité, mais l’étiquetage est très décevant, notamment en ce qui concerne les délais de consommation et les conseils de conservation.
Tomates : l’offre est de bonne qualité toute l’année, mais les magasins ne fournissent aucune information concernant leur origine ou l’utilisation conseillée pour chaque variété.
Eaux plates : toutes les eaux ne sont pas conseillées en consommation quotidienne. Notamment pour les bébés ou les personnes qui doivent suivre un régime pauvre en sel. Mais les producteurs n’en disent rien sur l’étiquette.
Allergènes dans les aliments non pré-emballés: boulangers et bouchers informent mal les gens allergiques de la composition de leurs produits.

Valeur nutritionnelle, goût, composition, hygiène : de nombreuses déceptions

L’analyse de produits apporte également son lot de surprises :

Soupe aux tomates préemballées: à quelques exceptions près, c’est le goût qui déçoit. Les soupes aux boulettes en contiennent le plus souvent ridiculement peu. Ces produits sont, en outre, souvent trop salés.
Thé noir et vert : le thé en sachets pêche la plupart du temps en goût. Mais la composition des produits est toujours bonne.
Pesticides dans le vin : 8 des 17 vins traditionnels et 4 des 17 vins bio analysés contenaient des résidus de pesticides.
Édulcorants : ils sont clairement inappropriés pour remplacer le sucre dans les pâtisseries telles que les cakes. Le résultat est décevant et la différence calorique négligeable.
Céréales du déjeuner: ces produits prétendent apporter un repas sain et équilibré tous les jours, mais une analyse de 17 variétés au chocolat a montré qu’ils apportent surtout trop de sucre et de graisse.
Viande de poulet : 35 des 70 produits étaient conservés à une température dépassant le maximum légal de 4° C. Seuls 4 produits offraient une bonne hygiène. Un tiers n’était pas frais, 4 contenaient des Salmonelles et 8 des Campylobacter, tous deux pathogènes.
Frites pré-cuites : l’huile utilisée pour la pré-cuisson est souvent de mauvaise qualité (beaucoup d’acides gras saturés ou trop peu souvent renouvelée). En outre, le goût de ces frites n’est jamais comparable aux frites maison.
Biscuits sains : sains comme le prétendent les allégations sur l’emballage ? Pas vraiment. Ces biscuits contiennent trop d’acides gras saturés ou d’acide gras trans, sont riches en sucre et apportent trop peu de fibres.
Les consommateurs devraient pouvoir trouver de l’information sur la valeur nutritionnelle des produits, auprès de leurs supermarchés (via les sites web, un affichage et un étiquetage corrects, etc.). Test-Achats a analysé à la loupe la politique nutritionnelle de 9 chaînes de supermarché : 4 (Delhaize, Carrefour, Champion et Colruyt) font d’importants efforts en la matière. Les autres déçoivent.

Produits avec des OGM : une rareté ? Plus pour longtemps

Dans son numéro de février, Test-Achats a porté son attention sur les organismes génétiquement modifiés. L’organisation des consommateurs a analysé 113 produits contenant du maïs et/ou du soja, dont 35 produits bio. Un test semblable, effectué il y a 6 ans avait montré qu’aucun de ces produits ne contenaient d’OGM. Cette fois, il en est tout autrement :

91 produits (environ 80 %) ne contenaient pas d’OGM.
12 produits contenaient des traces (moins de 0,9 %) d’OGM autorisés en UE. Légalement, il n’y a aucun problème puisque de telles « contaminations accidentelles » (par des cultures proches ou durant le processus de production) sont acceptées par l’UE. Sous les 0,9 %, cette présence d’OGM ne doit même pas être mentionnée sur l’étiquette à moins que ces OGM n’aient été ajoutés volontairement.
7 produits contenaient des traces (moins de 0,1 %) d’OGM non autorisés par l’UE. La quantité, minime, ne pose pas problème, mais bien la nature de ces OGM. Ces produits ne sont pas en conformité avec la réglementation européenne.
2 produits bio contenaient des traces (moins de 0,9 %) d’OGM autorisés. En raison de cela, ces produits enfreignaient la législation européenne au moment de l’analyse par Test-Achats.
* 1 produit contenait plus de 0,9 % d’OGM et ne le mentionnait pas sur l’étiquette. Encore une infraction à la loi.
* Certains produits assurent être « sans OGM » ou « pas d’OGM » ou apporter la garantie IP (Identity Preservation). Les analyses de Test-Achats montrent qu’elles n’apportent pas de garantie fondamentale. Une contamination involontaire n’est jamais exclue. Ces mentions n’offrent donc aucune certitude.

L’Europe ouvre la porte aux OGM dans l’alimentation bio

Au 1er janvier 2009, la réglementation européenne concernant l’agriculture biologique changeait. Désormais, en ce qui concerne la mention sur l’étiquette de la présence d’OGM, c’est la même règle que pour les produits d’agriculture classique qui prévaut. Cela signifie qu’une présence “imprévisible ou techniquement inévitable” d’OGM dans l’alimentation bio ne doit plus figurer sur l’étiquette tant qu’elle ne dépasse pas les 0,9 %. Certains pays membres, dont la Belgique, se sont exprimés contre ce nivellement, mais sans succès.
Test-Achats signale, soit dit en passant, que cela met les produits bio en position ambiguë car, d’une part, les cahiers de charges européens pour l’agriculture biologique interdisent la présence d’OGM dans ces produits, alors que d’autre part, il existe désormais une tolérance pour la présence involontaire de ces organismes génétiquement modifiés.
Test-Achats plaide pour une politique alimentaire proactive

L’alimentation est d’importance vitale, chaque jour, pour tout le monde. Anticiper, contrôler plus sévèrement, sanctionner le cas échéant, ne semblent pas, dans ce cadre, des exigences disproportionnées. Test-Achats doit pourtant rappeler, année après année, certains principes élémentaires qui ne sont manifestement pas ou insuffisamment pris en compte par l’industrie alimentaire, la distribution et la politique. Avec, en conséquence, un palmarès bien peu glorieux.

Le site internet et le magazine Test-Achats regrette que la législation européenne se fasse à coup de compromis. Selon elle, en matière d’alimentation, c’est la règle la plus sévère qui devrait être retenue. Et ce nivellement européen ne se fait pas sentir que dans le dossier des OGM. D’autres problèmes sont en suspens comme celui de l’éventuelle autorisation d’importation de poulets chlorés ou de viande provenant d’animaux clonés.
Test-Achats ne se positionne pas en opposition à toute avancée technologique. Mais une avancée n’est digne de ce nom que si elle apporte des effets positifs, connus et mesurables. En ce qui concerne les OGM en tout cas, certaines garanties doivent être maintenues : la liberté de choix du consommateur et celle de l’agriculteur qui opte pour l’un ou l’autre type d’agriculture, des évaluations en profondeur avant qu’un produits ne soit autorisé, etc..
Sur le plan national, il reste un grand rôle à jouer pour l’Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire et les instances de contrôles comme le SPF Economie. Bien sûr, on ne peut envoyer un contrôleur dans chaque point de vente. Mais quand, en 2008, Test-Achats doit constater qu’une loi de 2002 sur l’étiquetage du poisson n’est toujours royalement pas respectée par la plupart des commerçants, on peut sûrement se montrer critique quant à la fréquence et à la sévérité des contrôles.
* Enfin, Test-Achats insiste encore et toujours sur la nécessité d’un étiquetage clair et lisible sur tous les aliments. Pas uniquement sur les produits pré-emballés, mais également sur les produits vendus en vrac.

Sécurité alimentaire chez Test-Achats ? Une préoccupation récompensée

A noter que dans le cadre de son action en matière de sécurité alimentaire, Test-Achats est sur le point de recevoir le très reconnu et convoité Prix Dr. Karel Van Noppen. Il lui sera remis le 21 février prochain et récompense le travail d’information et de sensibilisation dans le domaine de la sécurité alimentaire. Plus de 50 ans de travail reconnu à sa juste valeur. (Source : extrait d’un communiqué de presse de test-achats)