Voici un extrait du communiqué de presse en rapport avec la nouvelle découverte concernant le Bisphénol A par ENS (Lyon-Institut de Génomique Fonctionnelle)
Bisphénol A : d’autres mécanismes d’action révélés in vivo
On croyait jusqu’à présent que les récepteurs des œstrogènes étaient les cibles principales du bisphénol A (BPA), polluant industriel qui agit comme un perturbateur endocrinien. Le rôle d’un autre récepteur, appelé ERRγ, avait également été suggéré par des observations in vitro. L’équipe de Vincent Laudet à l’Institut de Génomique Fonctionnelle de Lyon (IGFL, ENS de Lyon/CNRS/Université Claude Bernard Lyon 1), associée à d’autres équipes françaises et étrangères, vient de démontrer in vivo l’action du bisphénol A via ce second récepteur ERRγ. Ces travaux devraient permettre de mieux comprendre les effets de cette molécule sur le métabolisme, notamment sur le diabète et l’obésité. Ils apportent un nouvel élément aux discussions sur l’évaluation des risques liés au BPA, un sujet actuellement étudié par l’EFSA ou encore l’Anses.
Le mécanisme d’action du BPA est loin d’être clair.
Toutefois, des données récentes suggèrent que le BPA pourrait agir par des mécanismes indépendants des récepteurs des œstrogènes. Ceci est particulièrement important au moment où les données montrant un effet du BPA sur des organes non liés à la reproduction se multiplient. Ainsi chez la souris, les études montrent un lien entre exposition au BPA et des troubles du comportement à l’âge adulte ainsi que des perturbations du métabolisme énergétique et de la fonction cérébrale. On note également une augmentation des risques d’obésité et de diabète. Chez l’homme, le BPA pourrait affecter le développement de l’apprentissage et il existe un lien entre exposition au BPA et diabète de type 2 (….)
Un impact du Bisphénol A bien en-deçà de la dose journalière admissible ?
Ces travaux suggèrent qu’il faut donc réévaluer l’impact du BPA sur la santé humaine en élargissant son spectre d’action depuis les effets reproducteurs jusqu’aux effets développementaux et métaboliques.
Comme l’affinité de ERRγ pour le BPA est environ 1000 fois plus forte que celle des récepteurs des œstrogènes, cela devrait également conduire à rediscuter de la dose journalière admissible de ce composé, liés aux nombreux effets détectés à des niveaux d’exposition inférieurs à cette dose. Le BPA fait actuellement l’objet d’une consultation de l’EFSA sur son projet d’avis sur l’évaluation des risques, consultation à laquelle l’Anses a répondu en mars 2014.
Source : ENS de Lyon / CNRS / Université Claude Bernard, Lyon le 23 avril 2014