Les pesticides sont utilisés en quantités considérable depuis plus d’un demi siècle par l’agriculture intensive.
On retrouve des résidus de pesticides partout: dans l’eau bien sûr, mais aussi dans l’air, les brouillards et l’eau de pluie !
Les pesticides sont présents dans nos aliments également : plus de 50% des fruits et des légumes produits par l’agriculture intensive en contiennent.
Ils finissent finalement dans nos organismes, apportés là par l’eau et les aliments consommés. Nos organismes hébergent ainsi des centaines de molécules toxiques dont de très nombreux pesticides.
Ces pesticides posent un véritable problème de santé publique, et pas seulement pour les utilisateurs qui sont les plus exposés, mais aussi pour la population générale. En effet, les effets de faibles quantités de pesticides , en mélange, pendant des périodes longues posent de nombreux problèmes de santé. L’épidémiologie nous montre ainsi que les personnes exposées aux pesticides ont plus de risque de développer de nombreuses maladies que les autres : cancer, malformations congénitales, problèmes d’infertilité, problèmes neurologiques ou encore système immunitaire affaibli sont plus fréquent chez eux !
La multiplication des traitements et du nombre de produits phytosanitaires employés ces dernières années a amené les pouvoirs publics à s’interroger sur les risques encourus par la population générale. Ce rapport est une synthèse de l’ensemble des travaux réalisés dans le cadre du programme régional pesticides intercire.

Encore très peu considéré dans les études sur le risque sanitaire et ne faisant actuellement l’objet d’aucune réglementation, le compartiment aérien apparaît pourtant comme une source d’exposition non négligeable en milieu viticole ou arboricole.
En Aquitaine et en Champagne-Ardenne, les fongicides sont les produits retrouvés les plus fréquemment, notamment le folpel avec des concentrations de 60 ng/m3 à 1 200 ng/m3.
Concernant les régions de grandes cultures, les substances les plus fréquemment retrouvées sont la trifluraline, la pendiméthaline et l’endosulfan, avec des concentrations de l’ordre de 1 ng/m3. En région mixte grande culture et arboriculture, la trifluraline, le tolylfluanide, le folpel et le captane ont été souvent retrouvés. Le lindane, bien qu’interdit depuis 1998, est détecté sur tous les sites.
Il parait cependant prématuré d’exploiter ces données dans une évaluation quantitative des risques sanitaires liés à l’exposition aérienne aux pesticides, en raison de la trop grande incertitude liée d’une part au lien entre concentrations dans l’air et exposition réelle, et d’autre part au manque de données toxicologiques de référence pour la voie respiratoire.
Les étapes suivantes devront donc recenser les valeurs toxicologiques de référence disponibles, définir leur pertinence et leurs modalités d’application. Il parait ensuite indispensable de connaître l’exposition aux pesticides de la population en fonction des sources d’exposition (alimentation, eau, air intérieur et extérieur, poussières).
Effets des pesticides sur la santé :
Les intoxications aiguës par les pesticides sont celles où, quelques heures après une exposition importante, des symptômes apparaissent rapidement.
Ce sont les affections causées par les pesticides que les médecins connaissent le mieux.
Les personnes les plus fréquemment victimes d’intoxications aiguës par les pesticides sont bien sûr les agriculteurs, qui manipulent et appliquent ces pesticides sur leurs cultures. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a estimé qu’il y a chaque année dans le monde 1 million de graves empoisonnements par les pesticides, avec quelque 220 000 décès.
En France, la Mutualité Sociale Agricole (M.S.A.) qui a en charge la médecine du travail et la prévention des risques professionnels des salariés agricoles, a trouvé des effets indésirables chez près d’un manipulateur sur 6 lors d’enquêtes portant sur une année d’utilisation professionnelle de pesticides.
Les troubles aigus dûs aux pesticides frappent les muqueuses et la peau (40 % des cas étudiés), le système digestif (34 % des cas), le système respiratoire (20 %), le reste de l’organisme (24 %).
À la suite de ces incidents lors du travail agricole, plus des deux tiers des victimes ont dû consulter un médecin. Parmi les paysans recensés dans cette banque de données de la MSA, 13 % font état d’une hospitalisation consécutive à l’utilisation de pesticides et 27 % ont dû recourir à un arrêt de travail momentané. Les jeunes enfants sont aussi très fréquemment victimes d’empoisonnement par les pesticides, habituellement suite à des ingestions accidentelles ou à des atteintes dermatologiques. Les pesticides organophosphorés et les carbamates sont à l’origine des cas d’empoisonnements par les pesticides les plus fréquents.
Les pesticides regroupent un grand nombre de spécialités de toxicité variable pour l’homme. En effet certains produits peuvent présenter une toxicité aiguë importante mais être éliminés facilement par l’organisme, à l’inverse d’autres substances, de toxicité aiguë moindre peuvent s’accumuler dans l’organisme et induire des effets à plus long terme.
Parallèlement ces produits sont transformés en différents métabolites susceptibles d’engendrer d’autres répercutions sur l’organisme humain.
D’une manière générale, l’OMS19 retient comme facteurs influant sur la toxicité des pesticides pour l’homme :
• la dose,
• les modalités de l’exposition,
• le degré d’absorption,
• la nature des effets de la matière active et de ses métabolites,
• l’accumulation et la persistance du produit dans l’organisme.
Ces effets toxiques du produit sont eux-mêmes liés à l’état de santé de l’individu exposé.
Les mécanismes de la toxicité des pesticides ne sont véritablement connus que pour quelques molécules :
• induction enzymatique par les organochlorés,
• inhibition enzymatique par les dithiocarbamates, les organophosphorés.
Les recherches en cours envisagent d’autres modalités d’action de type immunitaire et hormonal.
Un cas particulier :