Somnifères : forte consommation et danger ?

Les Français sont les plus gros consommateurs de somnifères au monde.
Cette consommation élevée n’est pas sans risques.
Les somnifères sont des médicaments qui procurent le sommeil d’une manière chimique.
Les plus courants sont les anxiolytiques ou tranquillisants mineurs et les hypnotiques, médicaments exclusivement destinés au sommeil.

Les médicaments anxiolytiques (littéralement qui détruisent l’anxiété) sont prescrits parce que l’anxiété est une manifestation qui empêche le sommeil.
L’anxiété est à la fois une émotion, un comportement et un tempérament. C’est une sorte de peur insaisissable, imprécise et vague, sans cause. Elle est généralement utile mais quand elle est excessive, elle paralyse.
Dormir est un comportement spontané et naturel qu’on ne peut jamais obtenir par la volonté.
Plus on fera d’effort pour trouver le sommeil moins on pourra l’obtenir.
Pour dormir il est nécessaire de se laisser aller sans crainte. L’expression tomber endormi rend bien compte de cet état. Tomber dans les bras de Morphée, est une autre façon d’exprimer les choses. Morphée était chez les Grecs anciens, le fils du dieu Hypnos, dieu du sommeil et de Nyx, la nuit.
L’anxiété excessive nuit au sommeil parce qu’elle maintient la personne qui la subit sur le qui-vive. On comprend facilement que si on est sur ses gardes, le corps et l’esprit sont dans un état qui n’est pas propice à l’abandon au sommeil. La personne qui ressent une anxiété disproportionnée est en alerte permanente. Le corps se trouve alors prêt à réagir à la moindre stimulation. Toutes les grandes fonctions sont mobilisées et les muscles du corps sont en tension. Pour dormir, au contraire, il est nécessaire de ralentir et de mettre en veille le corps tout entier.
Les médicaments anxiolytiques agissent principalement en adoucissant les manifestations physiques et psychiques de l’anxiété. Entre autres effets recherchés : apaisement psychique, disparition des sensations d’étranglement, diminution des palpitations et des sensations de malaise, relaxation musculaire.
Ce sont des médicaments puissants qui font effet rapidement et qui créent une dépendance et une accoutumance s’ils sont pris longtemps. Ils possèdent des effets secondaires gênants comme des effets sur la mémoire et la concentration, de la somnolence, une baisse de la vigilance. La consommation simultanée d’alcool est dangereuse car elle potentialise leurs effets.

Une consommation prolongée d’anxiolytiques entraîne une dépendance psychologique et physiologique au produit. L’arrêt brutal après un long usage provoque d’ailleurs des signes de manque comparables à ceux que ressentent les drogués privés de leur substance favorite.
Dans ces cas, un sevrage progressif est indispensable. On le voit, les anxiolytiques sont loin d’être des bonbons. En principe, il ne faudrait pas consommer des anxiolytiques au-delà d’une durée de douze semaines.

Toutefois ces médicaments sont utiles pour traiter les manifestations anxieuses aiguës.
A ce moment, la situation est tellement ingérable qu’il n’y a pas d’autre solution pour faire passer la crise. Par contre, un usage chronique n’est pas la solution la plus appropriée.

Les hypnotiques (ce qui signifie qui provoquent le sommeil) sont des médicaments essentiellement consacrés à produire le sommeil. Comme les tranquillisants, ce sont également des médicaments puissants à action rapide voire prolongée. Ils sont nécessaires en cas de troubles passagers du sommeil principalement quand la cause des troubles est bien identifiée. Ces causes peuvent être diverses comme la perte d’un être cher, un gros souci imprévisible, un traumatisme, une maladie aiguë qui empêche le sommeil. Ces événements graves et soudains provoquent souvent de l’insomnie. Cette situation étant temporaire, les hypnotiques sont utiles à ce moment parce que l’individu n’a pas d’autre moyen de trouver rapidement le sommeil qui lui est nécessaire pour faire face à la situation difficile rencontrée.
Les hypnotiques sont essentiellement des médicaments anti-éveils qui offrent un sommeil chimique de qualité médiocre mais qui sont appréciés dans un premier temps justement par leurs effets de suppression des réveils car les principales manifestations très mal supportées de l’insomnie sont les réveils qui interrompent le cours du sommeil.
La plupart des gens sont convaincus qu’un sommeil de qualité est un sommeil sans réveil. Le bon sommeil pour chacun est un sommeil ininterrompu où l’on dort à poings fermés. D’autres expressions similaires expriment cet état idyllique : dormir comme une marmotte, dormir comme un loir, dormir d’un sommeil de plomb, dormir comme une souche, dormir comme une pierre. Toutes ces expressions reposent sur l’idée, hélas mythique, d’un sommeil idéal – celui de l’enfant – qui se maintiendrait toute la vie.
Malheureusement, comme bien d’autres choses, le sommeil subit les effets du vieillissement et évolue avec l’âge. L’évolution normale se caractérise, entre autres, par un allégement progressif : le sommeil devient plus léger et des réveils conscients apparaissent.
Ces réveils sont normaux mais, le plus souvent, mal acceptés. L’engouement pour les hypnotiques s’explique précisément parce que ces drogues induisent un sommeil sans éveils, qui est considéré comme idéal : la boucle est bouclée.

Les hypnotiques, y compris les plus récents, possèdent de nombreux effets secondaires quoiqu’en disent la publicité et l’information médicale. Ils affectent la vigilance (être « dans le gaz »), touchent la mémoire à court terme et la concentration, provoquent la dépendance. Chez les personnes âgées, les hypnotiques sont des facteurs précipitants des chutes. Ils sont aussi responsables de dépression et d’effet rebond sur le sommeil.
L’effet rebond consiste en insomnie aiguë qui se manifeste au moment où on arrête brutalement de les prendre ce qui enchaîne la personne au médicament.
Les recommandations de bonnes pratiques médicales préconisent de limiter leur usage à un mois mais, ce délai est très souvent largement dépassé.
En cas d’usage prolongé, un sevrage très progressif s’impose sinon les symptômes du manque se manifestent.

Une étude très récente a aussi montré que la consommation régulière des médicaments anxiolytiques et des hypnotiques augmentait la mortalité.

Fort heureusement, il existe des traitements sans médicaments de l’insomnie chronique (celle qui dépasse une durée d’un mois) ainsi que des méthodes de sevrage pour se débarrasser en douceur des médicaments somnifères.
Ces traitements sont encore trop peu connus, trop peu prescrits faute de praticiens formés.
Pourtant, ces traitements ont fait l’objet de nombreuses études surtout dans le monde anglo-saxon pour tester leur efficacité. Ce sont des traitements basés sur de bons niveaux de preuves scientifiques depuis 1994. Les études montrent leur efficacité à court terme, moyen terme et à long terme. Les traitements de l’insomnie chronique sans médicaments ont aussi, c’est évident, un autre avantage qui est de ne pas avoir d’effets secondaires.
Ce sont des traitements naturels, bien acceptés sans impact sur le fonctionnement du corps.

Source : Guy Adant, formateur, coach santé, praticien spécialiste en éducation pour la santé du sommeil.
http://pourenfiniraveclinsomnie.wordpress.com/